La retraite de l'écrivain: Quand la solitude devient un besoin

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J'avais déjà entendu parler de retraites conçues spécifiquement pour l'écriture. Mais c'est seulement ces dernières semaines que j'ai compris pourquoi elles peuvent être salutaires pour certains …

J'aime bien lire les remerciements que les romanciers adressent en fin de livre. Je trouve intéressant de voir qui, ou quoi est mentionné (ou pas).

 

Parmi les remerciements classiques (famille, amis, maison d'édition, relecteurs et j'en passe) il m'est arrivé de lire la gratitude d'un auteur envers la radio qui l'a accompagné durant sa création ou encore envers une montagne en particulier pour avoir constitué l'imprenable vue dans laquelle un autre se perdait en quête d'inspiration. 

 

Ce qu'il ressort toutefois très souvent, ce sont les remerciements aux proches, en particulier pour leur patience, leur compréhension voire parfois pour leur silence.

 

En lisant ça je pensais "Waa ! Ca doit être vraiment chiant un écrivain". Et j'avais raison !

Non ! J'exagère. Je pensais effectivement en lisant cela, que les auteurs devaient être vraiment pénibles au quotidien

mais j'ai découvert par la suite que l'écriture (et non l'écrivain) impose sa loi et les autres doivent s'y adapter.

Certains romanciers, tel que moi vous l'aurez compris, ont besoin de temps, de solitude et surtout de silence pour bien

écrire.

 

J'aime l'image de la pierre ronde qu'on ferait rouler vers le bas depuis le sommet d'une montagne (celle que l'autre contemplait par exemple). Elle commence par rouler lentement au début (j'ai dit pierre pas caillou, il faut suivre un peu !) et plus elle dévale la montagne plus elle gagne en vitesse et en efficacité.

 

C'est ainsi que l'écriture et le processus créatif (je vous laisse fourrer ce que vous voulez dans ce terme) s'imposent à moi.

 

Mais si je commence à faire rouler la pierre et que je dois m'interrompre pour ouvrir au facteur ou enfourner un gratin coquillettes-jambon pour la pause midi des enfants, la pierre ralenti, voire s'arrête complètement. Toute interruption non-sollicitée m'est très pénible. Tout comme écrire selon un horaire est une contrainte très limitante que je supporte mal.

 

Alors malgré moi je deviens impatiente, désagréable, limite agressive.

 

"Non mon chéri, quand Maman est dans le bureau il ne faut pas la déranger" (Jamais, jamais !!! )

"Demande à Papa, s'il ne sait pas dis-lui de ma part d'être créatif" (Allez hop, tout le monde sur le pont)

"Un doudou décousu n'est PAS ce que j'appelle une urgence !" (Elle se fout de moi ?!)

"Pour la troisième fois, je ne sais TOUJOURS pas où sont tes chaussettes de foot" (Et je m'en tape !)

"Vous pouvez faire moins de bruit? Même avec la porte fermée je vous entends brailler" (Bande de sauvages)

 

Puis vient ce sentiment, ce besoin urgent de me retrouver seule avec mes personnages, seule avec mes idées.

Sans contrainte de temps ou d'horaires. Besoin d'une coupure totale. Un romancier n'est jamais seul lorsqu'il écrit. Il est

constamment avec les personnages de son livre. Il vit avec eux… et peut être que durant cette période là il n'y a pas de place pour vivre avec d'autres…

 

Les retraites d'écriture permettent d'une part aux auteurs de se couper de leur quotidien, de s'isoler du reste du monde,

de confondre le temps et l'espace pour mieux plonger dans le voyage intérieur qu'est l'écriture de leur livre.

D'autre part, elles permettent également de sauver les familles ou les liens amicaux !

 

Parce que l'écrivain ermite limite misophone c'est vraiment très très chiant !

 

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